Les plantations d'arbres fruitiers
Les marae
Le Belvédère


Au coeur de Moorea :
en route pour le Belvédère

Les marae

Petit cours qui vous en apprend long sur la culture traditionnelle Polynésienne... toutes ces explications proviennent directement d'un panneau situé à l'entrée du site. (pas de copyright en Polynésie, ça c'est bon pour la Métropole...)
Voici tout d'abord une présentation des trois principaux marae que l'on trouve ici, suivie de nombreuses explications sur les rites et les pratiques traditionnelles en Polynésie.


Marae i Tetiiroa

Titiroa est le nom de la terre sur laquelle le marae a été bati. Le mur d'enceinte est fait de blocs de basalte, la cour intérieur surélevée est partiellement pavée et contient 15 pierres dressées, 2 pierres dossiers, et 3 cistes rectangulaires nordées de dalles de corail.

L'ahu est séparé du mur d'enceinte, et l'assise supérieure de sa facade était probablement ornée de minces plaques de corail. Ce qui est une des caractéristiques des marae de l'intérieur aux Iles du Vent.

A proximité de ce marae, les fouilles archéologiques effectuées ont révélé que l'endroit a été occupé dès la fin du XVIIè siècle: charbons, trous de poteaux d'habitations, ou fosses de stockage de nourriture.

Au cours de la restauration du marae, deux spelettes humains incomplets, ont été mis au jour dans un angle du mur d'enceinte, à l'extérieur du marae; ainsi que d'autres vestiges, datant du XVIIIè siècle, ce qui correspond à l'époque de la construction du marae.

Marae i Afare'aito

L'un des mieux conservés de la vallée avant les travaux de restauration, ce marae fut érigé, selon la tradition, après la victoire des ari'i de Ha'apiti: les Marama, sur ceux d'Opunohu:les Atiro'o. Le nom Afareaito signifie "Maison des Guerriers".

Le mur d'enceinte, à double parement, limite une cour pavée comportant cinq pierres dossiers et treize pierres dressées. L'ahu est séparé du mur d'enceinte, et sa facade est constituée de deux assises de basalte, séparées par une assise de blocs de corail.

Deux petites plates-formes pavées, contenant elles-aussi des pierres dressées sont attachées au marae sur la gauche du mur d'enceinte.

La proximité de deux plates-formes réservées au tir à l'arc, permet de supposer que le culte de Paruatetavae, dieu des archers, a pu être célébré sur le marae Afareaito, et que les arcs, flèches et vêtements cérémoniels des archers y étaient conservés.

Marae Ahu o Mahine

Le nom d'origine de ce marae s'est perdu, la coutume a gardé celui de Mahine, le grand chef guerrier qui règna sur la vallée d'Opunohu à la fin du XVIIIè siècle.

Ahu-o-Mahine est un marae unique en son genre dans la vallée de Opunohu, par son style de construction qui est en effet celui des marae côtiers des îles de la Société.

On remarque la régularité des pierres basaltiques utilisées aussi bien pour les assises de l'ahu à trois degrés, que pour le parement externe de toute la cour du marae. La face visible des pierres est façonnée en arrondi alors que la partie interne est plane sur quatre faces, ce qui améliore la stabilité de cette construction sans mortier. Sur la cour pavée, on compte deux pierres dossiers et dix pierres dressées. Sur la gauche, à l'extérieur du marae, une petite aire pavée, à ras du sol, lui est probablement associée.

Ahu-O-Mahine est probablement le dernier des marae construits dans la vallée. Sa construction, typique de la culture tahitienne de la fin du XVIIIè
siècle, correspond à la dernière periode du développement de la communauté d'Opunohu.


Sanctuaires de plein air et lieux de vie sociale

Dans le monde polyésien, tout était imprégné de religion: l'organisation politique et sociale, la vie de famille, les activités quotidiennes et les grands évênements.

Le marae n'était pas seulement un lieu de culte où les Polynésiens d'autrefois invoquaient leurs dieux et leurs ancêtres. Il était aussi titre de propriété foncière, expression du rang social et symbole de l'organisation familiale. Les marae devaient être construits autour d'une pierre provenant d'un marae plous ancien.

A l'arrivée des Européens, il existait des centaines de marae dans les îles de la Société; certains étaient privés (marae ancestral de chaque famille, ou marae réservé à une corporation), d'autres étaient d'intérêt public (grands centres religieux et marae de chefs).

Dans cette civilisation dans écriture, le trésor religieux des ancêtres fut transmis oralement pendant plusieurs siècles par des experts sacerdocaux doués d'une mémoire exceptionnelle. Textes sacrés, chants incantatoires et généalogies furent aunsi préservés au fil des siècles.


Une population importante et forte, loin du rivage

L'étude de ces vestiges, de leur implantation, et de leur répartition dans le temps ont permis à R.C.Green d'établir que la vallée a été habituée de façon continue pendant six cents ans au moins. Les plus anciens niveaux d'habitat fouillés à Opunohu, ont été datés du XIIIè siècle. De nombreux fragments de coquillages ou d'os de poissons découverts sur les sites fouillés attestent que la vallés est toujours restés en relation avec la côte. Cette population essentiellement composée d'agriculteurs pratiquait l'horticulture en terrasse et conservait la pate fermentée de l'arbre à pain dans des silos en fosse.

La diversité et l'évolution des vestiges architecturaux étudiés révèlent ensuite la présence d'une population de plus en plus nombreuse, bien organisée, et socialement très mélangée. Cette croissance et cette prospérité ont probablement atteint leur appogée au cours du XVIIè siècle et jusqu'à la fin du XVIIIè siècle.

Enfin, dès le début du XIXè siècle, la population avait définitivement déserté l'intérieur de la vallée, pour rejoindre les missions religieuses établies sur la côte...

Voici un exemple historique de la puissance de Moorea au XVIIè siècle. A la fin de son second séjour, le départ du Capitaine Cook fut marqué par un spectacleétonnant :

A Tahiti, une flotte de plus de deux cents pirogues de guerre, emportant une armée de quelque dix mille hommes, s'apprêtait à lancer une attaque contre Moorea : Cook estima alors à deux cents mille personnes environ la populatio, de Tahiti. Cette flotte impressionnante n'obtint pourtant pas la victoire...
Revenu en 1777, le Capitaine Cook décida de visiter Moorea, il mouilla d'abord dans la baie qui porte encore son nom, puis dans celle d'Opunohu où il recût l'hospitalité du célèbre Nohine, grand chef de guerre du clan Maramu, et vainqueur du combat dont il avait vu trois ans plus tôt les préparatifs.

La tradition orale a conservé bien d'autres récits des nombreuses guerres qui ont secoué Moorea, et aussi quantité de merveilleuses légendes, que beaucoup de Polynésiens connaissent encore.


Prêtre en costume de deuilleur et plate-forme d'exposition pour les morts
A la mort d'un chef, son corps eviscéré, enduit d'huile, était exposé sous abri sur le marae. Au cours des rites funéraires, les prêtres-deuilleurs étaient
vêtus d'un costume impressionant fait de nacres, de plumes et de tapa. Ils tenaient un bâton ceremonial garni de dents de requin.

Offrandes sur le marae
Légumes, fruits, poissons, mais aussi chiens et cochons étaient posés sur des présentoirs surélevés.
Des victimes humaines prélablement immolées - hommes seulement ! - n'étaient exigées que lors des grandes cérémonies sur les marae ari'i voués au culte de Oro.

Après cette lecture, il est temps de partir en promenade à travers la foret.

On aperçoit le mont Rotui, au-dessus de la végétation.

Un des trois marae, ou du moins ce que l'appareil-photo peut en saisir. Les autres sont situés dans la foret et tout cela manque un peu de luminosité.


A gauche, on retrouve un mape, aux racines toujours aussi insolites; à droite, c'est une vue sur la rivière - un tout petit peu surfait ce genre d'image, on l'a tellement vue, mais allez, avouez qu'on se prend un tout petit peu à rêver...


...Au bout du chemin...le Belvédère.